mercredi 7 mars 2012

DES BÊTES


                                                                                                                      
De nouvelles bêtes, issues des collections du muséum de Blois qui m'accueille bientôt pour une grande exposition  viennent s'ajouter à la série "des bêtes".







Ce Blaireau a déjà attiré beaucoup de sympathie. C'est Dominique Mainguené, heureux acquéreur et spécialiste mondial du blaireau qui concoctera un texte à son propos.




C'est Stéphane Prat qui m'a confié un poème pour accompagner ce vautour, un peu long pour être lu dans une expo, je n'en mettrai qu'une partie, pour le plaisir, je reproduis le poème ici dans son intégralité, 

L'homme à vautours


je m’étais déposé en Nouvelle Écosse
au flair
en catastrophe
sur l’île migratoire finistérienne
dérivée du Digby Neck
le temps de me désaltérer
l’ego

ici il fallait voir
comme il fallait se passer de l’homme
pour voir !

le geai bleu avait toujours un épervier
au cul
surtout quand il était seul

les corbeaux entêtés décimaient en meutes
entières et lévrières
les pins pâles et nonchalants
dans un sens puis dans l’autre
comme la rotation de la Terre
s’inversait toutes les trente
secondes

le faucon Pèlerin fauchait ras
les idées noires des rongeurs
les battues aux coyotes
et son cri de crécelle
coincé
dans un éclair de vent
faisait se recroqueviller
les bites
de toutes espèces

en remontant mon falzar
pêche déposée rouleau en main
j’aperçois ce premier matin
Michael Hawkswood sur le nez
d’une falaise
mimer le vol coulé du vautour
avec les bras
en levant les yeux sur une ombre d’envergure
ozone

c’est le premier vautour que je vois
c’est en fait comme ça que j’imaginais l’aigle
milanais
et ses cercles glacés
c’est la première fois que je vois
Michael Hawkswood aussi
et il m’accueille comme un frère
il a pourtant passé la nuit
une cognée contre la hanche
au cas où
il avait hâte de me parler

cette nuit faut préciser
j’ai arrimé ma toile à l’aveugle
à six pieds de la sienne
sans l’entendre tourner
ni se retourner le moins du monde
dans la tempête grêle

Michael est né deux fois
me contera-t-il deux fois
il a changé de nom
en pointant au hasard
le relief boisé et peuplé de proies
de serres d’éperviers
d’un coin baptisé Hawkswood
sur une représentation coloriée
de la Grande-Bretagne de Jean sans Terre
et je trouverai instantanément
normal
que le geai bleu trouve
si seyant
de se poser sur sa tête

le jour où je quitte l’île pour le Cap Breton
Terre-neuve et ses colonies de femmes
l’automne est immobile
nul
ne vole plus
le silence est éblouissant
et en singeant mon accent français
Michael me crie : « It is eu goude day to daïe ! »
et cette vieille branche d’Hawkswood plie
s’agite
sous le poids tendre et subit
d’une brassée de vautours
qui secouent et rentrent en cœur
un cou flamand et rouge
dans leurs épaules étroites


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