Prolongation de l'exposition à l'IUFM de Vannes jusqu'au 21 février.
Dont voici le texte de présentation écrit par André Scherb.
Maelle
de Coux
« Muséum
»
Installation avec photographies, dessins, montages
d’images, livres documentaires et livres d’artiste, objets divers, animaux
naturalisés.
Galerie de l’IUFM, site de Vannes, 32 avenue Roosevelt,
56000 VANNES
Exposition du 14 novembre
au 15 décembre 2012
Prolongée jusqu’au 21 février 2013
La frontière entre art et
science est fragile et les artistes contemporains n’ont de cesse de la
déplacer. Déjà, les investigations pour comprendre et transformer le monde, de Léonard
de Vinci, figure emblématique de l’artiste scientifique, se formalisent par le
dessin.
Le dessin scrute le réel
pour l’inventer, par une mise en forme inédite ou par la traduction d’un projet
utopique.
Maëlle de Coux dessine et
photographie des « bêtes » dit-elle, des oiseaux et autres animaux, pour
en donner une représentation, pour en saisir le fonctionnement, pour les faire
exister, mais aussi, au-delà de la forme apparente, pour en révéler la vie.
Le paradoxe du dessin,
figé sur son support papier, c’est bien de pouvoir s’emparer de l’indicible du
vivant, un défi auquel s’affrontent des artistes de toute époque. En
s’approchant de l’apparence des choses, en réduisant au mieux l’écart qui
sépare la représentation de son référent, lorsque la mimesis est parfaite, que découvrons-nous ?
Les animaux naturalisés
présentés parmi les œuvres de Maëlle de Coux pourraient défier l’artiste en
affirmant leur présence avec la force de leur réalité. Pourtant, ils nous placent
face à une fascination du réel et a une sensation d’un manque essentiel, la
vie.
En revanche, les
photographies complétées par le dessin ou la peinture, les diverses esquisses,
les croquis consignés dans des carnets, captent l’énergie du vivant et plus
encore, sollicitent notre imaginaire. Ce dernier a été nourri d’images, des
livres d’école, des livres scientifiques et d’images poétiques issues de
lectures. L’artiste nous le rappelle en ouvrant sur sa table du chercheur une
fable d’Esope, un poème de Baudelaire, un extrait de Kipling.
L’exposition Muséum à la Galerie de l’IUFM, à Vannes,
place le spectateur dans un univers incertain. Les œuvres participent à une installation qui évoque le cabinet de
curiosité, la salle de musée d’histoire naturelle ou le bureau d’un étrange
collectionneur. Précédemment, Maëlle de Coux avait placé ses créations au cœur
même de la mémoire scientifique, dans les salles des muséums d’histoire
naturelle de Paris, de Nantes, de Bourges, de Blois.
L’artiste catalan Joan
Fontcuberta, qui avait présenté ses œuvres fictionnelles dans un musée de
zoologie (Fauna, 1989), nous avait
habitués à douter de la véracité des photographies et des mécanismes qui
produisent les « vérités » utilisés dans différentes institutions
qui, comme les musées, informent et communiquent.
Maëlle de Coux n’adopte
pas une telle attitude critique, mais parle volontiers de la relation intime,
depuis son enfance, qu’elle entretient avec les lieux qui recèlent des trésors
de connaissances, mais aussi d’images. Images qui continuent à se développer et
à se métamorphoser à travers sa mémoire. Lieux qui nous racontent, dit-elle
« l’histoire de la vie tout en nous montrant des choses mortes ».
Les portraits d’oiseaux proviennent de photographies en noir et blanc
d’animaux naturalisés du muséum de Nantes et de Bourges, « réinventés »
grâce au travail graphique et pictural. Charles Le Brun, au XVIIe siècle, avait
par le dessin montré l’analogie entre les formes animales et les physionomies humaines.
Maëlle de Coux révèle, à petite touche, le caractère anthropomorphe des oiseaux,
faisant de chacun d’eux « le miroir de nos personnalités ». Elle
accepte la « dérive scientifique » pour rejoindre la poésie et
l’imaginaire.
La blancheur éclatante de
la série des œufs ou la noirceur du
gigantesque herbier dénommé « Adventices »
montrent combien la lumière ou l’ombre altèrent et effacent ce qui pourrait
nous documenter sur le vivant animal ou végétal. Notre regard mesure ainsi la
vie à la distance parfois infime qui la sépare de la mort.
André Scherb
Novembre 2012
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