
Un ami me ramène un jour de la décharge une pile de cahiers d'écolier datant des années 1930 à 1936. Tous ayant appartenu au même petit garçon, Marcel Pithois.

Je collectionne les manuscrits de la vie de tous les jours et j'ai déjà pas mal de ce type de documents à mon atelier, d'impeccables pages d'écriture, tracées d'une plume habile.
J'ai tout de suite vu que ces cahiers là étaient d'un autre acabit.

Notre petit Marcel Pithois n'était pas très bon à l'école et plutôt du genre désordonné.

Ce sont là les traces d'une très touchantes humanité, l'enfance avec ses doutes, ses incompréhensions et ses émerveillements.
La façon dont on voit que décidément il ne rentrera pas dans le moule.
Le moule de l'époque, avec au passage un aperçu de l'école publique de ces années là.
On est peut être moins strict aujourd'hui, la pression reste forte et le moule parfois bien inconfortable ....
Mais la poésie est là derrière le front des cancres, Prévert le savait bien.

Et voila que ces pages de cancre sont belles, graphiques et expressives ...

J'ai décidé d'en faire une fresque, morceau après morceau, jour après jour, leçon après leçon, pour évoquer la durée et la répétition, la construction des connaissances, l'enseignement.


Devant ce mur, chercher les entrées : une petite rédaction, un dessin, un gribouillis, une annotation.
Mes commentaires apposés, ma vision poétique pour orienter le regard.
Le violet, très marqué, de l'encre à écrire de l'époque.
Je garde de mes années d'école le souvenir d'un ennui interminable.
Je garde de mes années d'école le souvenir d'un ennui interminable.
Beaucoup d'efforts pour faire plaisir aux adultes, je me disais que quelque chose allait bien finir par arriver.
L'excellence me répugne, elle exclue la poésie, les tâtonnements, les doutes, les ratures ...
Mais Marcel Pithois à réellement existé et on ne peut s'empêcher de s'interroger à propos du destin de cet enfant qui avait donc 10 ans en 1930 ...


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